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Annie ERNAUX – Les années

De quoi jubile-t-on au juste à lire ce texte qu’une intelligence brillante mène au fouet d’une lucidité non exempte de cruauté ? Est-ce de ce parti pris d’épingler toute individualité sur un tableau d’ensemble qui la rend indiscernable ? De l’observation sagace qui fait mouche à chaque fois, et sourire de s’y retrouver malgré qu’on en ait ? Sans doute, alors, il faut bien admettre un peu de masochisme dans notre jubilation...
C’est par une photographie, décrite – une pause dans ce rythme accéléré-saccadé et grotesque de films d’archives – qu’Annie Ernaux ouvre naturellement chaque période Des années. Elle y figure et cette pose ouvre le flux tendu du temps qui brasse jusqu’à la noyade gens et objets, corps et innovations technologiques, désirs et coutumes tombant en désuétude.
Une interrogation lancinante embroche le texte : si ce qui nous a fait s’est défait, qui restons-nous ?
Clin d’œil à Marcel Proust : Annie Ernaux hésite, et statue à la fin de l’ouvrage, sur la structure qu’elle va lui donner (or l’ouvrage existe, qu’on vient de lire).
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