Scriptosum - Exercices
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On dit
Pièce farfelue en 3 actes (ébauche) où l’on tape souvent du pied sur les planches


           ACTE I

           Scène 1
         Le duc de W., son valet

         Le duc de W., d’un ton morne et détaché

On dit à la Cour que la d’Amiens s’est fait oindre
Par le valeureux chevalier d’Appoigny,
Mais on dispute encore si ce dont il l’oignit
L’a pour autant rendue moins à plaindre.

         Le valet du duc

Diable, on parle beaucoup à la Cour où
L’on n’est pas toujours bien avisé
Et l’on ne fait souvent qu’attiser
Et la jalousie et le courroux.

Mais, Seigneur, je dirais que cette fois
On a dit des paroles bien faites,
Et de l’onction à l’insatisfaite,
Tout le dit mérite votre foi.

         Le duc, riant aigre-doux puis courroucé, puis tirant les oreilles de son valet, puis le menaçant d’un bâton et enfin le bastonnant

Eh, valet, tu sembles bien cavalier.
Crois-tu pouvoir sans punition
Salir ainsi la réputation
D’une princesse et d’un chevalier ?

Que ce qui passa par ces oreilles
Pût être redit sans précaution,
C’est pour ma part d’une autre onction
Que je veux que tu le payes.

         Le valet, courbé, prêtant le flanc aux coups

Vous me battez comme une fenaison...
Aie ! Non, Seigneur ! Je me repens ;
Je retire tout et je consens
Que j’avais perdu la raison.

         Le duc, se calmant, lâche le bâton, puis croise les bras en regardant au loin

Tu fais bien de plus encore craindre.

         Le valet, se frottant le dos

Ces bruits ne sont que la médisance
Qui s’accroche aux langues sans naissance
Quand des Grands elles veulent dépeindre,

Et je pourrais, moi, sans me reprendre,
Vous persuader que de votre liqueur
Tout autant que de votre seul cœur,
La bonne fille est en passe de s’éprendre.

         Le duc

Oh, mais tu enchaînes sur la licence !
Arrête et ne viens me faire le jour
Sur ce qu’on peut attendre de l’amour
D’une noble fille. Reprends tes sens !

Ou je m’en vais t’apprendre un langage
Plus pesé et propre à ton rang,
Le mien te rappelant, au demeurant
Qu’il ne saurait tolérer l’outrage.

Ce n’est pas à toi que je demande,
Je choisis des émissaires plus dignes
Habituellement de m’offrir des signes
Que ce n’est point en vain que je bande.

Et sache, valet, que je conçois
Sur la jeune princesse d’Amiens
De plus juteux projets de liens
Que ceux que tu baves, ver à soie !

Je t’enjoins de te surveiller.
Va me chercher l’ami Laurent
Qui, par son langage et son rang,
Peut, lui, à mes amours veiller.

         Il tape du pied sur le sol

Va mander qui j’ai dit, ver obscène
Et hors de ma vue, sors de scène !

         Le valet sort, laissant le duc seul.



           Scène 2
         Le duc de W.

Ce valet à moi prend trop ses aises.
Est-ce qu’il m’a entendu faire « bip bip »
Assez pour évoquer la pipe
Si crûment que ça ne m’apaise ?

M’ouvrir à lui de mes desseins
Sur la plus noble des princesses...
Il est préférable que là je cesse
Si je ne veux un autre à ses seins.

Oui, mieux vaut en parler au public :
Tenu qu’il est à être discret,
Il sait très bien garder le secret
De ces apartés impudiques...

Mais qu’ois-je, est-ce là mon « bip »
Qui sonne ?..



           Scène 3
         Le duc de W., le valet

         Le valet

... Oui, Seigneur, c’est ce brave type
De Laurent…

         Le duc

...Ne t’ai-je point déjà dit,
Valet, de t’ôter de ma vue
Et de finir avec les bévues
Que tu me reviens servir, pardi !

Laisse-nous, te dis-je. Laurent et moi
Allons délibérer plus finement
Sur les bruits de Cour et le moment
D’en diriger au mieux les émois.

         Le valet s'esquive à nouveau.



           Scène 4
         Le duc de W., l’ami Laurent

         Le duc

Laurent, je reviens de fort loin ;
J’allais me confier là en solo,
Comme au théâtre c’est notre lot...
Eh bien, ami, tu arrives à point.

Ce valet fort lourd m’importune
Sans fin. Mais, allons, laissons cela.
Voyons plutôt ce qui t’amène là :
La Cour, ses bruits et ma fortune.

Tu connais la princesse d’Amiens,
Son ennui, son oisiveté,
Comme tout ça la met à portée
De nouer n’importe quels liens

Et je la sais en les mauvaises poignes
D’un chevalier de tes amis.
Dusses-tu t’en faire un ennemi
Il me faut que d’elle tu l’éloignes.

Ensuite que tu ailles la voir, elle,
Et me vantes à ses yeux en parti
Le meilleur et le mieux assorti
Au joli rang de la demoiselle.

Va lui faire de moi un génie, homme
D’esprit et de tempérament,
N’hésite pas, rajoutes-en, mens,
Bref, insiste pour qu’elle me nomme,

Me souhaite, me désire, se languisse,
Que pour moi elle ne soit plus planche.
Va, je te donne carte blanche
Et... révèle-moi tous ces vices.

         Laurent

C’est un vrai cas de conscience, Duc,
Que vous venez de me poser
Puisqu’un lien auquel j’ai œuvré,
Vous voulez me le voir rendre caduc

         Le duc

Le marin qui a su faire un nœud
Est mieux à même de le défaire.
Tu as donc tous titres à satisfaire,
Laurent, au plus haut point de mes vœux

         Laurent

Et, pour m’accuser de mon zèle,
Voilà : j’ai moi-même pris grande part
Au rapprochement sans départ
Du chevalier et de la donzelle.

Aussi…

         Le duc

...Finis là, ça doit suffire,
Et fais-moi revenir ce valet
Qui sait à présent comme jamais
Comment il vaut mieux éteindre mon ire.

         Laurent baisse la tête révérencieusement et quitte la scène



           Scène 5
         Le duc de W., son valet

         Le duc

Eh bien, valet,
J’ai refléchi à ces dires que tu prétends
Avoir entendu de la Cour
Et me suis étonné un peu tard
Des entrées que tu y avais.
Dis-moi d’où te viennent ces racontars ?
...


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